La colline et le gravier - Une fable sans histoire

Une colline se moquait
de son voisin, simple gravier :
Comme tu es petit
Presque sans consistance
Tu n'as aucun pouvoir
Car si peu d'importance
Regarde les efforts
Des pauvres randonneurs !
Même des véhicules
Je freine les ardeurs.
Alors que toi !

Moi, répond le gravier
je ne freine pas l'homme
Mais je peux l'arrêter
Sans pause, sans qu'il dorme  
Et au plus agité
Faire crier : ASSEZ ! 
Quant à ton vehicule,
Un camion de pompiers,
Si c'est mon bon vouloir :
Il cesse d'avancer.

Et tu ferais comment ? s'esclaffe la colline

Ma fois tout doucement.
Sans effort, sans tourment
Mais pas sans optimisme :
Je n'ai qu'à m'installer dedans leur organisme.
Avec pour noms : "calculs", "panne de carburant".

Etre grand ou petit
N'est-ce pas l'important?
Quel est donc ton secret
Pour être aussi gentil
Et sûr d'être gagnant

Je vais te le confier
C'est simple et compliqué.
Il est déjà en toi :
Reconnais-lui ses droits.

Moi, je suis un gravier et suis re-connaissant
D'être ce que je suis, de l'être pleinement.

Françoise-L.

Comments

[Pierre-Yves]

Cette fable m’en a rappelé une autre, le chêne et le roseau. L’apparente faiblesse de ce dernier deviendra sa force victorieuse en situation de trop forte rafale de vent où il pliera au lieu de
casser. Mais il n’est pas évident ni systématique que chacun puisse l’utiliser à « positiver » ce qui le déprime. Chacun a son histoire personnelle. Cependant j’y suis toujours
sensible. C’est comme avec l’imaginaire de Baudelaire qui nous fait voir la beauté dans la laideur et inversement. Il y a pour moi des textes à la valeur intemporelle. Il suffit parfois de les
réadapter à soi et son époque.

[Psychologie et Communication]

En fait, dans le Chêne et le Roseau il y a le désir de comparer 2 entités aux apparences "Goliath et David" et de constater que celui qui parait le plus faible s'avère le plus
fort.
Le point commun avec la fable ci-dessus c'est le déséquilibre des apparences.
Néanmoins la conclusion que j'ai choisie n'est pas de comparer les performances mais de dire que se re-connaitre, et aimer ce que l'on est,  c'est avoir connaissance de ses propres atôuts
et de la façon de les optimiser. On marche mieux dans des chaussures à sa pointure que dans des chaussures de 3 pointures au-dessus... l'essentiel est d'avancer à son pas.
  Ceci étant, le sens d'un texte appartient d'abord au lecteur...
  Je me suis placée en lecteur pour te répondre
Amicalement

[Frédéric]

"Si vous avez l'impression que vous êtes trop petit pour pouvoir changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique: vus verrez lequel des deux empêche l'autre de dormir ... "
Tenzin Gyatso

[Psychologie et Communication]

Alors vivement que les "moustiques" chantent, chantent, chantent... Afin que les consciences sortent d'une anesthésie qui les empêche de se nourrir et bientôt de vivre car aussi agréables que
soient les rêves, en continu, ils sont fatals.