Hier soir je me suis endormie devant la télé et quand je me suis réveillée commençait une émission tardive :
"Le grand frère" Un "supernanny" destiné aux ados de moins de 18 ans.
Dans les 2 situations présentées, la mère, qui élevait seule ses enfants, était totalement dépassée et ne pouvait plus gérer la communication, donc encore moins tenir le gouvernail du foyer. Anarchie totale à tous points de vue.
Le 1er cas (1) : Le père s'était suicidé alors que la petite fille devait avoir près de 5 ans et le garçon près de 3 ans.
A priori c'était le garçon de 17 ans qui posait le plus de problèmes car il passait son temps sur des jeux vidéo et ne sortait de sa chambre que pour se disputer avec sa soeur ou donner des ordres à sa mère.
La soeur, indignée par ce qu'elle estimait la passivité de sa mère, était entrain d'adopter, vis à vis d'elle, un comportement tout autant irrespectueux et agressif que celui de son frère.
La mère cumulait 2 emplois pour subvenir aux besoins du foyer... Et encore la loi sur le "sucrage des allocations" n'est pas encore passée... Parce que le niveau d'absentéïsme du garçon en aurait sûrement généré l'application !!!!
Le 2ème cas (2) : La mère divorcée était totalement dominée par sa fille unique de 17 ans qui, elle aussi, n'évoquait pas de se rendre utile mais de se rendre insupportable à sa mère qu'elle arrivait à contraindre même financièrement.
Mais revenons en à la stratégie du "Grand Frère" qui rapporterait moins (sur le plan financier) à l'Etat dans un Etat dissocié de sa population qui en est paradoxalement la raison d'ëtre.
Voici comment a procédé le "Grand Frère" dans les 2 situations évoquées:
1) Dès son arrivée, il a bousculé les enfants concernés, chacun à sa manière :
- Le garçon (1), en allant le chercher dans sa chambre et en interrompant son activité de jeu inapropriée au moment ( Il était censé l'accueillir avec sa famille).
- La fille, en se rendant dans sa chambre pour constater le désordre en place, lui demander de ranger et nettoyer et, en l'absence de réaction positive, prendre en vrac les vêtements qui trainaient et les jeter par la fenêtre (dans le jardin) dans un sac poubelle.
On a pu remarquer, dans les 2 cas, la réaction de colère (froide) provoquée par ces initiatives, chez les protagonistes. Néanmoins cette colère ne s'est pas transformée en tristesse à postériori et un calme relatif a suivi.
La chambre est le lieu intime par excellence. Cette intrusion était donc une façon d'affirmer une relation de proximité de plein droit. Le positionnement qui l'installait dans son rôle de grand frère, à la tangente d'un positionnement paternel.
Ensuite, tout autant avec le 1er qu'avec la 2ème, il a induit (en insistant) l'entrée en dialogue, tout en exprimant de manière à la fois directe et indirecte qu'il avait confiance en leurs capacités de piloter leur vie.
Une confiance que vraisemblablement eux n'avaient pas, ce qui n'était pas fondé. La preuve : sa confiance à lui.
Il parlait rapidement ce qui obligeait ses interlocuteurs à suivre le débit de ses paroles donc à sortir de leur enfermement kynesthésique (sur eux-même), incompatible avec la vie sociale, et à le suivre à l'extérieur, à l'abri de leur propre confusion.
2) L'étape suivante était le "retour à la source" de leur attitude, tantôt agressive et tantôt fuyante, attitude réactionnelle d'une personne confrontée à un "ennemi" ayant déjà eu l'occasion de la blesser.
Qui était cet "ennemi" au sein du foyer ? Pourquoi ? Comment ?
L'intention évidente était de permettre à l'adolescent de partager l'aveu de ce qui, suivant sa perception originelle, était un grave préjudice subi que sa mémoire n'arrivait pas à archiver. Donc qui trainait en permanence, sous son regard, à sa portée.
Chacun s'est senti autorisé à exprimer l'évènement traumatisant - le départ du père, dans le 1er cas, et ce qu'elle avait estimé comme un épisode d'abandon de la part de sa mère (mobilisée auprès de la grand-mère très malade) dans le 2ème cas - qu'ils retenaient (A tous les sens du terme) de leur petite enfance.
Alors chaque ado a pris conscience que cet évènement du passé pouvait être considéré comme indépendant de la volonté des protagonistes concernés : eux-même, tout autant que leur mère.
Il n'y avait pas de coupable, seulement, à leur manière, des proches ayant trop souffert eux-même pour être capables de se soutenir mutuellement.
Cette perception révisée n'en supprimait pas le coté douloureux vécu à l'époque ni les larmes de compassion en pensant à l'enfant blessé d'antan. Mais comme le rappel d'une douloureuse crise d'appendicite, par exemple, une fois la crise passée, le souvenir de la souffrance n'est plus de la souffrance.
En fait, il n'y avait pas d' ennemi, ni hier ni aujourd'hui. Seulement un parent avec lequel la communication n'avait pas pu passer. Une personne que l'on pouvait s'autoriser à aimer sans se dévaloriser et dont on pouvait croire à la réciprocité des sentiments même s'ils étaient aussi maladroitement exprimés par l'un que par l'autre.
3) Par ailleurs, les mères ont été invitées à rencontrer également une psychologue qui les a aussi aidées à réviser leur perception de la situation traumatisante pour le foyer, à l'époque. Elles n'avaient pas eu les moyens, ou la capacité, de l'éviter.
Elles pouvaient donc renoncer à en ressentir une culpabilité rétroactive et aborder le sujet avec les enfants devenus assez matures pour pouvoir comprendre, eventuellement pardonner, les effets de cette faiblesse du passé.
4) Un rapide feed-back, pour observer leur attitude la plus récente, permettait à ces ados d'admettre qu'il n'y a pas systématiquement de lien de cause à effet entre les sentiments que l'on éprouve et le comportement que l'on adopte vis à vis de l'autre quand on ne sait pas faire autrement.
5) Après, pour reconstruire le potentiel "énergétique" et "sociétal" de chacun, il leur a imposé de participer à une tâche contraignante et fatiguante au sein d'une équipe. Pour la fille, dont le caractère était plus indépendant, ce test permit surtout qu'elle prenne conscience de l'interactivité incontournable de la vie en société.
6) Enfin, ayant situé les aspirations de chacun, le Grand Frère a aidé le garçon à devenir apprenti mécanicien -une activité à son gôut et où il se sentait valorisé - quant à la fille, elle a fait un essai concluant d'animatrice auprès de jeunes enfants où elle a également découvert ses propres talents.
Opérations réussies.
J'allais oublier : La soeur du garçon, elle aussi a eu l'occasion de rencontrer une soeur étant passée par un chemin équivalent et qui lui a permis de se situer au sein du foyer et d'y reconnaitre l'expression paradoxale de sentiments partagés....
Ah si "le Chef" (de notre Etat) avait vu ce reportage !
Peut-être qu'au lieu d'évoquer de "sucrer les allocs" il envisagerait de proposer le soutien de "Grands Frères" à ces foyers à la dérive. Ces foyers qui sont nos parents par Alliance... avec la Vie.
A bientôt
Amicalement
Françoise-L
Nb : La maman de la fille (cas 2) a reconnu auprès de son enfant qu'elle avait sans doute fait une erreur mais qu'aujourd'hui elle ne pouvait pas rectifier un comportement passé.
Bien entendu cela n'a pas compromis la réconciliation. Entre parents et enfants, on ne peut s'éviter des erreurs. On est si souvent ensemble. L'enfant a pardonné cette erreur reconnue ainsi que sans doute bien d'autres que l'une et l'autre ont oubliées (archivées) ... mais réciproquement...
Aimer ne rend pas infaillible. Ca se saurait !!!