Celui qui a peur de la solitude peut souhaiter ête emprisonné pour être certain que tous les jours, on viendra le voir. Et, tant pis si c'est la visite du géôlier.
Cette crainte date de celle de l'enfant qui a un besoin vital d'un entourage adulte et qui, instinctivement, va chercher à attirer l'attention, (être reconnu présent et indispensable). Pour se sentir protégé il a besoin de ressentir l'approbation de son entourage qu'il assimile à son affection.
Suivant l'attitude de ses parents, il adaptera la sienne afin de les "séduire" ou de se protéger ou de s'imposer.
Il va alors expérimenter, comme tout animal, les stratégies réactives de "Victime, Sauveur, Bourreau", qu'il utilisera ensuite chaque fois qu'il se sentira menacé soit d'étouffement, soit d'abandon.
Et ceci tant qu'il n'aura pas pris conscience que, désormais adulte, il est en mesure de considérer tout autre tel un partenaire, et leur relation, comme une personne morale à part entière, ce qui explique mathématiquement l'axiome :
1+1 = 3
C'est dans ces conditions qu'il pourra s'épanouir dans les différents contextes où il évoluera, que ce soit la famille, le travail, la vie sociale.
Car ayant compris le mécanisme, et étant sorti de cet étau, il saura s'adapter à l'évolution de l'autre, quel qu'il soit - comme le Professeur sait communiquer avec ses étudiants - et, lui apporter des ressources sans se démunir lui-même, au contraire (la comparaison Prof/Etudiant demeure valable).
Prenons un exemple classique de l'installation du mécanisme :
- Le bébé a faim, il pleure : positionnement "victime" qui impose ses exigences au parent sauveur.
Ensuite, pour attirer l'attention, il peut continuer la procédure qui marche.
Admettons qu'elle ne marche plus : Les parents répondent matériellement mais pas affectivement.
- Il va tenter la séduction par une opération, que lui, interprètera comme un sauvetage : Je te rends service, je te souris pour te montrer combien je t'aime (lui, ça lui plairait), ...Il prend donc le positionnement "sauveur"
- Il est plus encombrant qu'utile et on le lui fait sentir.
Il peut effectuer une autre tentative "victime" (passage non obligé) mais si elle aboutit à la qualification "caprice", avec correction à l'appuie, il changera de technique et pourra adopter la stratégie "bourreau" dont la manifestation serait la culpabilisation de ces parents, les siens, qui ne font pas leur devoir...
Suivant son interprétation des comportements de ses parents, (quels qu'ils soient, en réalité) il utilisera de plus en plus une des 3 stratégies énoncées dans laquelle il sera de plus en plus efficace, conscient, ou non, de l'être.
- Parents "bourreaux" (cris, violence, punitions) par imitation ("tiens ça marche") il peut avoir tendance à en modéliser les moyens ou, au contraire, se positionner en "victime" quand ce n'est en "sauveur" de l'un, du pouvoir de l'autre, si les parents lui apparaissent en conflit.
- Parents "sauveurs" ( surprotection se manifestant par des questionnements, des interdictions surjustifiées...)
L'enfant peut alors expérimenter soit la stratégie de victime comme une fin en soi, soit celle de victime comme chemin ( parfois très bref) pour acceder à celle de bourreau ( je vais vous "user" jusqu'à ce que j'obtienne compensation)
- Parents "victimes" : ("Tu ne peux pas agir ainsi ça nous fait trop de mal ") sans qu'il y ait parfois de corrélation entre l'effet et la cause comme : "tu ne peux pas avoir de pareils résultats scolaires alors que l'on avait tant espéré ton passage dans la classe supérieure". Alors, l'enfant adoptera l'attitude sauveur (surtout s'il se voit en partie récompensé pour son comportement) ou "bourreau" s'il veut neutraliser les velleïtés de répétitions "reproches-chantage".
C'est donc ainsi que l'on se retrouve dans un système où on ne dispose que de 3 stratégies, l'une nous étant plus coutûmière que les autres même si elle ne les exclue pas tout à fait, non plus.
Nos relations se conjuguent alors sous 2 régistres essentiels : soit tu es moi (fusion) soit tu es contre moi (compétition).
Si tu es moi, soit tu m'étouffes, soit tu m'abandonnes
Si tu es contre moi, soit tu es le gagnant et moi le perdant, soit tu es l'agresseur et moi l'agressé, ou réciproquement.
Bienvenue en Enfer !
On veut sortir
Mais où est la porte ? Où est la clef ?
Pour situer la porte, il faut d'abord conscientiser la situation : Vous avez l'impression d'évoluer en circuit fermé, de ne plus savoir ce que vous voulez vraiment, d'être confus ou en colère ou de ne cesser de chercher à justifier vos intentions ou vos comportements : Ca y est !
Vous prenez conscience de votre positionnement dans ce triangle et vous pouvez même situer votre sommet de prédilection (celui adopté en 1er choix).
Vous devriez également pouvoir situer celui occupé par l'autre, qu'il soit là par réaction ou pour avoir induit le phénomène de crise qui présente l'avantage de zoomer sur l'emplacement "porte".
Reste à trouver la clef et à l'utiliser.
Ne craignez rien, une fois dehors ce sera nettement mieux pour respirer et vous pourrez même y "emmener qui vous voulez"
-L'ex-bourreau (chronique) pourra s'épanouïr dans des activités de manager. Il ouvrira le chemin, pilotera l'équipe et donnera à chaque partenaire le rôle qu'il préfère et où il se sent reconnu.
-l'ex-sauveur (chronique) pourra s'épanouïr dans des activités de médiation, d'harmonisation du milieu dans lequel il évolue avec ses partenaires
-l'ex-victime (chronique) saura apporter le soutien opportun, qu'il soit physique ou moral, sous forme d'encouragements et d'incitation à la solidarité et à la créativité (mise en oeuvre de solutions personnalisées n'oubliant aucun des acteurs de l'équipe)
Ce n'est pas plus compliqué que cela...
Si tu as des difficultés à te situer, commence par trouver cet autre qui, bien que jamais le même, te met toujours dans des situations désagréables équivalentes (c'est plus facile de le trouver lui).
Après, tu relis ce texte, que tu auras eu soin d'imprimer avant, et il ne te restera plus qu'à essayer les hypothèses des alter-égo les plus probables...
Eh bien voilà.
Dernières recommandations : Ce n'est pas parce que l'on dispose d'une recette que l'on confectionne, dès le 1er essai, un plat réussi (j'en sais quelque chose !!!) l'important c'est de progresser et surtout de s'amuser soi-même, parfois avec un petit décalage temporel, de ses propres trébuchages.
Affection et Humour sont des ingrédients indispensables. A avoir en permanence dans ses placards.
Le respect, quant à lui, est une excellente habitude...
Mais une habitude, ça peut prendre un certain temps... comme "le fût du canon pour refroidir".
A bientôt
Françoise-L.